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Souffle Bleu : Des nouveautés en jazz de cette année

souffle-bleuQue faire de la tradition ? Ou comment rendre la mémoire vivante.

Mico Nissim est pianiste mais aussi compositeur et enseignant. La tradition, il la connaît, la fréquente tous les jours. Les jeunes gens et filles qui se lancent dans le jazz aujourd’hui doivent l’apprendre. Il faut savoir copier pour se trouver soi-même. Il faut bien choisir ses mentors et viser le plus haut possible. Le jazz s’apprend en écoutant. C’est sa part d’oralité.
Connaître, apprécier le jazz, ses traditions est une nécessité. Le jazz est mémoire et s’en sert pour échapper à la répétition.
Notre vie, comme l’écrivait Borges que cite le pianiste, ressemble à un labyrinthe a posteriori. Les routes se sont enchevêtrées. Nos choix, nos pas dessinent des territoires réels et virtuels dans lesquels nous nous perdons facilement. Se retrouver est difficile, le chemin n’est pas linéaire. C’est une manière de se surprendre, de refuser de « suivre les chemins qui ne mènent pas à Rome » comme le chantait Brassens justement. 

Mico Nissim a voulu se perdre dans sa mémoire, dans la tradition du jazz qu’il voudrait bousculer à l’aide d’un guide, Thelonious Monk en l’occurrence. Il en est de pire. « Labyrinthe quartet », ainsi se nomme son groupe, devient tout un programme. Une sorte de projection de cette filiation qui unit Nissim et Monk, le compositeur le plus borgésien qui soit, et la volonté d’être soi-même. Réunir un vibraphone, Stephan Caracci virtuose de ce curieux instrument, une contrebasse qui se fait basse électrique dans un hommage à Monk, Jean-Luc Ponthieux et une batterie, Mourad Benhammou qui sait tout de cet instrument emblématique du jazz, était un pari qui n’avait rien de pascalien. L’alchimie opère dans cet enregistrement réalisé en public. Pas toujours, ce serait trop. Mais souvent. « Labyrinthes et autres routes » indique une direction, celle d’une rencontre entre toutes les traditions qui nous font devenir un être humain avec le goût de la fraternité.
Il faut découvrir cette musique qui entraîne l’auditeur dans des sphères où il fera connaissance avec cette inquiétante familiarité dont parle Freud. Les compostions ne heurtent pas l’auditeur dans un premier temps mais elles interrogent sur la construction d’une mémoire de l’avenir.
Nicolas Béniès.

« Labyrinthes et autres routes », Mico Nissim, Labyrinthe quartet, Trois Quatre/Absilone/Socadisc.

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